Mai 68 et l'école, vus par les Cahiers pédagogiques

n°13 - mars 2008

On pourra être surpris, peut-être impressionné, peut-être aussi découragé, de l’actualité de bien des articles de ce dossier, sur des sujets aussi modestes que le poids des cartables comme sur les questions fondamentales de l’évaluation ou de l’autorité. Un dossier d'archives pour mieux faire connaitre ce bouillonnement, sans caricatures.

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Particulier
Etabl. scolaire, association
Bibliothèque, médiathèque
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5.00
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10.01
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15.01

Description

 Publication disponible uniquement au format numérique (PDF), en téléchargement depuis notre site.

Coordonné par Patrice Bride et Jean-Michel Zakhartchouk


Un aperçu du dossier :

  • d’abord quelques échos des évènements de Mai 68 dans les Cahiers : des témoignages de lycéens ou d’enseignants, dès la rentrée de septembre (tout le n° 76 y est consacré), ou un an plus tard, en octobre 69 ;
  • les problèmes de l’école des années 60 vus par les Cahiers, avec une quinzaine d’articles datés de 1964 à 1973 sur l’évaluation, l’autorité, l’enseignement du français, l’école et la politique, la démocratisation qui battait alors son plein ;
  • des prises de position du CRAP sur les questions éducatives, en particulier le « Manifeste pour l’Éducation nationale » de 1963 ;
  • une douzaine de « Billets du mois » de l’époque, plus savoureux les uns que les autres, sur l’architecture des écoles, les premiers contacts avec une classe, la place du jeu dans les cours, etc.
  • Quelques textes plus tardifs, mais qui permettent de relire en toute lucidité les évolutions au long cours : Philippe Lecarme, Gérard Mendel et Philippe Perrenoud ;
  • des textes d’aujourd’hui : une mise au point essentielle d’Antoine Prost sur les réformes projetées par l’institution avant les évènements de Mai, dont on trouvera un résumé ci-dessous ; Évelyne Héry, replaçant Mai 68 dans l’histoire de la « pédagogie nouvelle » ; Muriel Darmon, qui a mené une étude fouillée des archives d’un lycée, redonnant à la coupure de Mai 68 une plus juste place dans les relations entre adultes et élèves ; Hervé Hamon, l’auteur de « Génération » et plus récemment de « Demandez l’impossible ».
  • Quelques récits de pratiques en classe autour de Mai 68 : un dispositif élaboré par Jean-Pierre Astolfi et Florence Castincaud, publié dans le célèbre numéro de 1987 sur la pédagogie différenciée ; deux textes de collègues autrefois acteurs des évènements de Mai, aujourd’hui chargés de les enseigner à des classes ;
  • et enfin des témoignages de membres du comité de rédaction des Cahiers qui ont bien voulu fouiller dans leurs souvenirs...

 

De tous les textes d’archives que nous mettons à nouveau à disposition, nous voudrions surtout retenir la complexité et la richesse, et finalement l’actualité du contenu des Cahiers d’alors. Le lecteur d’aujourd’hui, peut-être plus enclin au scepticisme que celui de l’époque, pourra trouver un peu naïfs certains enthousiasmes, un peu emphatiques certaines envolées ; les pourfendeurs du « pédagogisme », eux, n’auront pas grand-chose à se mettre sous la dent pour alimenter leurs préjugés. Le souci constant d’allier sans relâche questions pratiques du quotidien et prises de position générales, critique d’une politique éducative souvent limitée à la gestion administrative et soutien aux tentatives de réformes, dénonciation d’une réalité peu glorieuse de l’école aux prises avec le gonflement des effectifs et ambition d’élaborer des voies pour être à la hauteur des transformations sociales, nous parait bien moderne, et nos choix actuels bien dans la continuité de l’époque.

Sans illusions, mais avec détermination, nous souhaitons que cette publication contribue à remettre à leur place les préjugés voire les calomnies qui circulent abondamment sur l’influence de Mai 68 sur l’école.

Mai restera un moment d’émergence de nouvelles exigences, de nouvelles revendications, parfois brouillonnes, parfois formulées dans un langage qui pourra paraitre désuet, mais avec beaucoup de générosité et d’enthousiasme. Sur certains points, Mai est bien loin de nous. Sur d’autres, les questions posées alors sont toujours aussi vives, dont celle de la contestation d’une certaine « société de consommation » qui est devenue plus forte que jamais. Oui, « le veau d’or est toujours de boue » comme on disait alors.

On pourra être surpris, peut-être impressionné, peut-être aussi découragé, de l’actualité de bien des articles de ce dossier, sur des sujets aussi modestes que le poids des cartables comme sur les questions fondamentales de l’évaluation ou de l’autorité. Un texte comme le « Manifeste pour l’éducation nationale » de 1963 contient bien des propositions qui pourraient être reprises aujourd’hui : est-ce à dire que l’école n’a pas évolué ? On retrouve fréquemment des constats de « malaise », voire de « détresse » des enseignants ou des parents face à l’école de l’époque : doit-on en conclure que l’âge d’or est toujours 20 ou 40 ans avant nous ? Disons que l’œuvre est de longue haleine, et ne suit pas une route toute droite... Pour la mener à bien, il nous faut aussi être dans la continuité des espoirs et de l’énergie qui animaient les auteurs des Cahiers pédagogiques de l’époque ; s’il faut en faire lucidement le bilan, c’est sans céder au renoncement ni se contenter du volontarisme vain et grotesque venu des sommets de l’institution à l’œuvre de nos jours. Qu’on nous permette donc de mieux faire connaitre ce bouillonnement, sans caricatures, à travers ce dossier, de nous en inspirer dans nos activités d’aujourd’hui.